[ Aussi désolée du retard, qui commençait à faire lourd ^^' ]
La veille, Louise s'était rendue à Santa Barbara pour assister à l'exposition d'un ami qu'elle n'avait pas revu depuis plusieurs mois. Lui avait réussi à percer dans le monde de l'art, et elle éprouvait toujours autant d'admiration pour son style. Il la méritait, cette gloire et cette réussite, elle n'en était pas jalouse. Louise aimait toujours autant vivre de ses peintures qu'elle vendait le matin dans les rues. Après une soirée bien arrosée pour fêter ce triomphe et une nuit passionnée dans les bras de son vieil ami, la jeune Française avait prit le train ce matin très tôt pour arriver à San Francisco après le déjeuner. Elle n'avait pas encore mangé, et elle n'était pas non plus très propre. Ses habits de la veilles un peu froissés lui donnaient cette dégaine des rues et des jeunes qui passent leur journée dans les parcs, qui ne rentrent chez eux qu'au petit matin, lorsque le soleil se lève à peine. Pas plus tard. Pas plus tôt.
Assise en tailleur sur un banc, un support en carton sur ses genoux et une grande feuille blanche posée délicatement dessus, Louise esquissait un croquis. Un croquis de ce qu'elle avait devant les yeux. Les rails des trains, fatigués de ce poids si lourd qu'elles doivent supporter, la bordure du quais en face d'elle, les bancs, et les passants. Les passants, bien sûr qu'elle ne les dessinait pas. Ou alors elle les imaginait. Éphémères, pressés, un journal à la main. Et puis dans le coin tout près des escaliers, une fille. Une fille aux cheveux ébouriffés par les courants d'air, enveloppée dans une jolie robe violette. D'un violet capricieux capable de dompter les bleus. Sur sa toile, la blondinette n'oubliait pas ses yeux typés et sa bouche légèrement entrouverte. Parfois, lorsque le vent lui permettait, lorsque le vent lui apportait les sons, Louise entendait quelques bouts de ce qu'elle fredonnait. Mais tout semblait vague pour elle, inconnu à présent.
De temps en temps, un train s'arrêtait en gare, et le paysage qu'observait Louise s'échappait, juste un bref instant, juste le temps que les passagers montent et descendent. Et lorsqu'il repartait vers une autre destination, Louise espérait qu'elle ne soit pas partie. Et elle était toujours là, adossée aux escaliers, le regard un peu évasif, ou bien observateur, elle ne pouvait le dire.
Une fois qu'elle eue terminé son croquis et que son estomac se mit à crier famine, Louise fourra tout son bastringue dans son grand sac qui pendouillait à son épaule, puis emprunta les escaliers pour reprendre ceux qui amenaient à l'autre quais de gare. En descendant les marches, elle jeta un coup d'oeil par dessus la rambarde pour s'assurer que la jeune asiatique était toujours là, et lorsqu'elle arriva sur le quais, elle s'accroupit en face de la brunette. Louise et son sourire avenant. Louise et sa joie de vivre, et son monde parfait, ses yeux remplis d'étoiles, sa longue jupe blanche, son caraco beige. Louise et son parfum fruité enlaçant son grand collier de perles.
- Salut ! Tu l'as acheté où ta robe, je la trouve très, très jolie ! s'exclama-t-elle, accompagnant son salut d'un geste de la main. Oui, c'était sa manière à elle d'aborder les gens. Elle n'avait pas forcément besoin de se présenter dès les premiers mots échangeaient, cela venait après. Chaque choses en son temps, disait-elle.